Visite au Gaec ROZ AVEL à Bignan le 2/12/2023 – compte-rendu
Rédacteur : Luc Foucault
L’exploitation de Youen et Ewana est située sur un plateau en surplomb de toute la campagne environnante et plus exactement sur la crête d’une colline, ligne de partage des eaux entre deux bassins versants celui de l’Oust à l’Est et celui du Blavet à l’Ouest. Cette situation géographique singulière confère à l’exploitation une responsabilité particulière par rapport à la qualité et la protection de l’eau.
C’est grâce à ce positionnement géographique ouvert aux vents « Roz Avel » que l’exploitation accueille sur sa crête, deux éoliennes.
La première parcelle que nous avons visitée, d’une superficie totale de 21 ha, est sûrement la plus exposée aux vents de toute l’exploitation. C’est sur cette parcelle qu’un effort particulier de reconstitution du bocage est le plus visible.
Le choix a été fait de segmenter cette parcelle, entièrement dédiée à des cultures d’hiver ou de printemps, en 5 parcelles d’environ 4.5 hectares chacune. La plantation d’alignements intraparcellaires et perpendiculaires au vent dominant d’ouest aura pour effet de protéger les cultures et réduire l’assèchement du sol en période printanière ou estivale. Elle permettra une alternance d’ombre et de soleil sur les parcelles suivant le moment de la journée.
Ces alignements sont composés aujourd’hui de jeunes plants d’arbres ou arbustes espacés d’environ 10 mètres les uns des autres et protégés au pied par un paillage à base de chanvre. Les plants ont été arrosés seulement l’année de plantation (en 2022). Ces plants ont été financés par les fermiers eux mêmes, mais le coût leur paraît abordable, compte tenu de bénéfices qu’ils en attendent.
Ewana et Youen se sont attachés à jouer sur la variété des essences mais aussi la taille adulte des plants pour multiplier les types d’habitats et booster la biodiversité. Ainsi s’alternent des futurs arbres à haut jet et des plantations de taille (adulte) plus modeste.
Parmi la dizaine d’essences choisies : le chêne, le hêtre, le châtaignier, l’orme, le frêne, l’alisier, le noyer, le merisier ou des arbres à fruits (pommiers). Les plants sont certifiés d’origine locale, ce qui garantie une meilleure adaptation aux conditions locales.
Une idée échangée à plusieurs pendant la balade serait de constituer un suivi photographique de la parcelle dans la durée afin de vérifier le retour de la biodiversité.
En changeant de direction et en empruntant une route bordée de beaux arbres à haut jet, nous avons pu visualiser la régénération de haies spontanées composées de broussailles au milieu desquelles de beaux sujets (un chêne, un châtaignier) émergent. Ces broussailles protègent bien souvent ces plants du broutage des chevreuils et autres animaux.
05/12/2023-OF : Bignan. Les jeunes paysans ont planté 6 000 arbres brise-vent
Samedi, l’association départementale Haies et bocages a visité la ferme de Roz Avel, à Bignan (Morbihan). Sur une parcelle de vingt hectares, les exploitants agricoles Youen Le Quintrec et Ewana Gaumé ont aligné des kilomètres de haies champêtres de haut jet. Un système brise-vent qui permet de réguler les températures et de protéger les cultures du vent.

Samedi, une quinzaine de personnes de l’association départementale Haies et bocages ont visité les plantations en agroforesterie de la ferme de Roz Avel, à Bignan (Morbihan). L’exploitante agricole, Ewana Gaumé leur a expliqué comment s’est organisée la transformation de la parcelle nue de vingt hectares. | OUEST-FRANCE
La ferme de Roz Avel, exploitée à Bignan (Morbihan), par Youen Le Quintrec et Awana Gaumé, a accueilli samedi un groupe de bénévoles de la nouvelle association départementale Haies et bocages. Notre but est de sensibiliser les agriculteurs à la replantation d’arbres et à la reconstitution du bocage breton avec ses ruisseaux
, souligne son coordinateur Guy Moreau. Aujourd’hui, nous venons voir ce qui a été fait, pour s’en servir d’exemple.
Les jeunes paysans ont ainsi expliqué le concept et les motivations qui les ont conduits à planter des haies champêtres de haut jet.
Sept lignes de haies divisent la parcelle de 20 ha
Lorsque nous avons repris l’exploitation, l’idée première était de réguler les températures dans les parcelles, créer un microclimat favorable à l’augmentation des rendements et favoriser la diversité biologique,
explique Youen. Nous voulions aussi améliorer l’esthétique visuelle de ce grand espace nu, sans présence d’oiseaux.
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Le projet mûri, les agriculteurs en Gaec depuis janvier 2023, plantent 6 000 arbres, installent des protections. Un travail titanesque avec un investissement qu’ils ont entièrement autofinancé.
Une parcelle de vingt hectares, a ainsi été découpée en sept lignes distantes de 50 mètres, sur lesquelles ont été plantées tous les 10 mètres, différentes essences à haut tronc, (ormes, noyer, chênes, frênes). Il va nous falloir quelques années avant d’obtenir du résultat. Mais on y croit.
« Mon père était un pionnier du bio »
La ferme de Roz Avel n’a pas de secret pour les nouveaux exploitants, précédemment salariés dans l’entreprise familiale des parents de Youen. Mon père cultivait en bio depuis 30 ans. C’était un pionnier. Nous faisons presque la même chose, à la différence que nous transformons les céréales et que nous privilégions les circuits courts.
Sur les trente-huit hectares de terres, les cultures s’organisent par alternance. Le Gaec cultive principalement des céréales, fait aussi pousser des pommes de terre et élève des vaches allaitantes. À l’époque du remembrement, c’était la plus grande ferme de Bignan. Aujourd’hui, c’est la plus petite.
Depuis le printemps dernier, la vente à la ferme a été mise en place chaque samedi matin. On y trouve notamment différentes variétés de farine (blé, sarrazin etc.), les produits de l’exploitation. Il est possible aussi de se procurer du grain pour les poules, du son pour les animaux ou des cosses de sarrazin pour le paillage des jardins et ponctuellement, des colis de viande bovine. Nous avons fidélisé une clientèle. Pour ce début, nous sommes très contents. Nous proposons également du cidre et des noix de mon ami Benoît, arboriculteur à Moréac.
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Contact : La ferme de Roz Avel à Moréac. rozavel@kaz.bzh, Tel : 06 88 62 19 25.
Samedi 2 décembre 2023 : visite de la ferme Roz Avel à Bignan

Le samedi 2 décembre 2023 à 10h, Ewana Gaumé et Youen Le Quintrec nous ont accueillis dans leur ferme tournée vers la production de céréales, blé noir, légumes, pommes de terre et viande bovine en bio. Des haies ont été replantées sur l’exploitation, dont certaines intra-parcellaires. Une expérimentation de régénérescence naturelle de haies est également en cours.
Article de Ouest-France du 5 décembre 2023

Samedi 2 décembre 2023 : visite de la ferme Roz Avel à Bignan – PHOTOS





























Samedi 22 avril 2023 : visite de la ferme Guillerme à Theix-Noyalo
Photos de la visite
Article Ouest-France du 23 avril 2023 :

Article Le Télégramme du 26 avril 2023




Article Le Télégramme du 27 avril 2023


Samedi 22 avril 2023 : visite de la ferme Guillerme à Theix-Noyalo – PHOTOS
La haie pour lutter contre l’érosion des sols et maintenir ses qualités agronomiques
La haie sur talus = frein au ruissellement et à l’érosion
La haie sur talus perpendiculaire au sens de la pente constitue une excellente barrière naturelle pour réduire la vitesse d’écoulement de l’eau de ruissellement. En l’absence d’obstacle, le ruissellement issu des parcelles agricoles prend de la vitesse (0,3 à 1m/s), ce qui engendre de l’érosion.
La haie sur talus permet de ralentir les écoulements. Une haie bien positionnée permet de réduire la vitesse de ruissellement à moins de 0,20m/s. En zone de culture, les éléments du sol sont conservés à l’intérieur de la parcelle qui garde ainsi son potentiel agronomique.
En fonction du type de sol et selon l’importance de la pente, sa longueur, certaines parcelles peuvent perdre jusqu’à 80 t de terres par hectare. Il suffit d’une faible pente pour que l’eau prenne de la vitesse et atteigne une force suffisante pour arracher les particules fines de terre. L’érosion a parfois des effets insidieux, peu visibles. Elle peut déplacer toute une masse de terre à l’intérieur d’une même parcelle. Elle peut aussi être beaucoup plus spectaculaire si le ruissellement se concentre dans une ravine.
L’érosion amoindrit la fertilité des terres. Elle “décape, la couche du sol la plus riche, celle qui est en surface.
De nombreux paramètres déterminent l’efficacité d’une haie. Pour être efficace, et avec une véritable action antiérosive, une haie plantée doit présenter 60 cm de dénivelé entre le creux situé à sa base, et son sommet. Pour être planté d’arbres, son sommet doit faire 80 cm de large. La création d’un talus demande de la bonne terre, mais uniquement pour son cœur. Il est donc rarement nécessaire de faire venir de la terre, celle-ci peut être prise sur place à l’endroit du talus. Au moment des réaménagements parcellaires, il est important de penser à bien (re)positionner les talus et les haies. Il est en effet possible de créer ou de déplacer des talus boisés. Cela évite de supprimer, puis de refaire.
Les talus perpendiculaires à la pente et les ceintures de vallées sont les plus importants pour la protection du sol et la qualité de l’eau. A l’échelle de tout bassin versant, une succession de talus ralentit fortement le transfert d’eau et limite l’érosion. Pour les syndicats d’eau, le rôle des talus en bas de versant est fondamental : ils évitent que l’eau et la terre se retrouvent directement dans les rivières.
La ceinture de fond de vallée est l’avant dernier rempart pour la qualité de l’eau, elle sépare souvent des qualités de sol. Pour la lutte contre l’érosion, elle doit retenir prioritairement l’attention.
La haie = Régulateur du flux d’eau =effet tampon
Les talus boisés laissent du temps à l’eau pour s’infiltrer en profondeur.
L’ensemble haie et talus favorise l’infiltration de l’eau dans le sol grâce à l’action de racines et à une meilleure structure du sol au pied des haies. L’ensemble joue un rôle de rétention. Cette capacité de stockage est évaluée sur 40 cm de profondeur, 40 m en amont et sur 1 m de profondeur au sein du talus. Certaines études estiment ce stockage à 5 m³ par mètre de haie. Cet effet tampon permet de stocker l’eau à l’échelle du bassin versant et de limiter l’intensité des crues en aval. Le bocage joue donc un rôle important pour réduire les phénomènes d’érosion et recharger les nappes en profondeur.
La haie = filtre contre les pollutions du sol
La haie est également reconnue pour filtrer les nitrates et dégrader des substances actives par l’action des arbres et arbustes qui la constituent. Plusieurs études réalisées en Bretagne montrent que les teneurs en nitrates chutent brutalement à proximité de la haie. Des analyses de sol effectuées à intervalles réguliers selon un axe perpendiculaire à la haie montrent que les teneurs en nitrates chutent brutalement à proximité de l’axe arboré. Le même schéma d’analyse met en évidence une teneur en azote ammoniaque plus élevée à 5 m de part et d’autre de l’axe de la haie.
La haie est une véritable « barrière » biogéochimique pour l’azote. Deux types de processus interviennent au pied des haies
- L’absorption de l’azote par les arbres et arbustes. Cette absorption contribuera à l’effet barrière d’autant plus que les racines vont en profondeur. Plus la haie est productive de bois, plus l’azote est utilisé par les arbres.
- La dénitrification du sol. La dénitrification est la transformation du nitrate de l’azote importé notamment par les engrais, en forme gazeuse. Les nitrates sont solubles dans l’eau et circulent dans le sol. La haie joue le rôle de ralentisseur. Au pied d’une haie, l’azote se retrouve souvent dans une zone plus humide, riche en élément carboné où la vie bactérienne très active favorise la dénitrification. L’azote minéral est alors transformé en gaz et s’évapore. En conditions anaérobies, des microorganismes utilisent l’oxygène des molécules de nitrate pour respirer. Potentiellement, les haies perpendiculaires à la pente, avec fossé humide et feuilles mortes constituent un milieu favorable au développement du processus.
L’exemple du saule est régulièrement cité pour améliorer les sols ou les eaux polluées. Cette essence est reconnue pour fixer et capter de nombreux éléments et notamment les métaux lourds.
Le phosphore minéral (engrais) non soluble et le phosphore organique (lisier) plus ou moins fixés par les argiles et les matières organiques sont stockés en pied de talus. Où là aussi ils subissent des transformations gazeuses.
Ces phénomènes sont très variables d’une haie à l’autre du fait des conditions pédoclimatiques locales.